Newsletter bimensuelle n°311 Jeudi 10 novembre 2022
« La France a pris de l’avance en matière de démocratisation de la télémédecine »
Lancé en 2018, le spécialiste de la téléexpertise Rofim a étendu son offre de services pour devenir une plateforme de télémédecine globale, qui équipe aujourd’hui près de 600 établissements de santé. Le point avec Emilie Mercadal, sa co-fondatrice avec le Dr David Bensoussan, et directrice générale. Rofim est passé d’une solution de téléexpertise à une offre plus globale en télémédecine. Qu’est-ce qui a guidé cette transformation ? Nous avons tout simplement suivi le besoin du terrain et la demande des praticiens. Très vite, nous avons en effet été sollicités par les hôpitaux pour étendre notre offre aux réunions de concertation pluridisciplinaire en ligne (e-RCP). Il s’agissait aussi d’une suite logique pour nous. La e-RCP, finalement, est une forme de téléexpertise en « one-to-many » et les médecins ont besoin de cette expertise collective pour établir un diagnostic, en particulier en cancérologie ou dans les maladies rares. La téléconsultation est venue ensuite, au début de la pandémie. Nos clients, qui utilisaient déjà notre plateforme pour ces deux briques de télémédecine, regrettaient de devoir chercher une tierce solution pour la téléconsultation, avec un risque de complexité et de potentielles failles de sécurité. Ainsi, nous sommes désormais positionnés sur ces trois domaines, avec l’ambition d’en couvrir de nouveaux à l’avenir, dont la télésurveillance. Mais plutôt que de développer une solution qui existe déjà ailleurs, nous pourrions préférer des partenariats, afin de proposer les fonctionnalités d’autres entreprises sur notre plateforme. C’est le véritable enjeu de la télémédecine. Pour convaincre rapidement les médecins, il faut en effet développer l’interopérabilité des logiciels et accompagner les soignants dans leur adoption. Nous avons d’ailleurs une équipe de quatre personnes dédiée au déploiement et à la formation dans les hôpitaux. Quels ont été les défis stratégiques – réglementaires, économiques, ou de recrutements – relevés par Rofim ces dernières années ? D’un point de vue réglementaire, il n’y a pas eu de barrières particulières à surmonter. Je viens de l’industrie pharmaceutique, et j’ai plutôt été surprise de tout ce qu’il était possible de faire dans la télémédecine. En revanche, de nouvelles mesures vont entrer en vigueur en 2023. Elles ont été intégrées à notre feuille de route, mais c’est un travail long et complexe. Pour éviter tout risque à l’avenir, nous avons aussi décidé de prendre un temps d’avance, en nous conformant à la norme d'interopérabilité FHIR (Fast Healthcare Interoperability Resource), et en recrutant un expert réglementaire pour étudier le marquage CE de notre plateforme, même s’il n’est pas obligatoire. Côté financier, nous sommes arrivés en 2018 avec une solution complètement nouvelle. Il fallait d’abord expliquer son intérêt et susciter l’usage. Une phase d’information a donc été nécessaire avant de pouvoir commercialiser l’outil. Heureusement, nous avons alors été soutenus par plusieurs levées de fonds. Mais encore aujourd’hui, c’est un de nos enjeux clés, face à des hôpitaux qui ont des agendas à 5, 8 ou 10 ans, alors qu’en tant que start-up, nous regardons plutôt à six mois. Concernant le recrutement enfin, le sourcing de candidats reste un enjeu, mais nous avons su fédérer une équipe plutôt stable et compétente. La France offre-t-elle un bon environnement pour la télémédecine ? Avec la loi de télémédecine en 2018 et la valorisation de la téléexpertise dès 2019, La France a pris de l’avance en matière de démocratisation de la télémédecine. Ce qui en fait un terreau favorable pour le lancement de solutions innovantes en e-santé. L’environnement pour les start-up est aussi très riche. Nous avons ainsi eu la chance de bénéficier de l'accompagnement de l'incubateur-accélérateur ZEBOX, puis de l’incubateur européen Future4Care. Ainsi, notre activité en France nous ouvre les portes aujourd’hui de nouveaux marchés, en montrant aux hôpitaux que notre solution a un impact économique dès trois à six mois d’usage, même modéré. C’est essentiel d’avoir ces données, alors que tous les pays ne remboursent pas encore les actes de télémédecine. Beaucoup de financiers au départ jugeaient d’ailleurs notre modèle impossible à exporter en l’absence de prise en charge publique. Mais notre expérience française a montré le contraire.
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