![]() Newsletter hebdomadaire n°52 Jeudi 23 novembre 2023
![]() Vincent Gardès, directeur général de Germitec
![]() Spécialiste de l'hygiène hospitalière, Germitec vient d’obtenir un prêt en trois tranches de 25 millions d'euros de la BEI, dans le cadre du programme InvestEU. La société bordelaise entend ainsi accélérer le déploiement de son dispositif de désinfection des sondes d’échographie à l'international, notamment aux États-Unis, où un feu vert de la FDA est attendu en 2024. Comment Germitec a-t-elle évolué depuis sa création ? Germitec est une « start-up mature » de santé, créée il y a 18 ans déjà. « Start-up », car après de nombreuses années de développement, elle est désormais prête à accélérer pour prendre toute sa place en tant que medtech internationale. Nous répondons à l’enjeu clé de la lutte contre les infections nosocomiales, grâce à un dispositif qui utilise les propriétés fongicides et germicides des rayonnements ultraviolets C pour désinfecter efficacement les dispositifs médicaux, en particulier les sondes d’échographies endocavitaires, pour lesquels le risque infectieux est particulièrement élevé. Donc dans un premier temps la société s’est développée au rythme de ses investisseurs, notamment de sa famille fondatrice, qui est aujourd’hui encore son actionnaire majoritaire. Le défi était élevé, car au-delà de la maîtrise et de la validation de cette technologie d’UV-C, il faut rappeler que les sondes d'échographie, en tant qu’outil de diagnostic efficace et peu invasif, comptent de nombreux fabricants à travers le monde. Plus de 1.000 modèles sont sur le marché, avec des géométries très différentes. Nous avons donc réalisé un énorme travail de compatibilité de notre dispositif pour nous assurer de son efficacité auprès de si ce n'est toute au moins la grande majorité des sondes. Nous avons donc passé la phase d’amorçage, de R&D, des brevets, la phase réglementaire aussi avec le marquage CE et tout est prêt aujourd’hui pour transformer cette start-up technologique en entreprise internationale. C’est donc dans ce contexte que vous avez frappé à la porte de la BEI pour obtenir un prêt ? Il y a en effet le contexte de l’entreprise, mais aussi celui plus général de l’économie. L’ambiance, du côté des investisseurs, est plus morose. Et même si nous gardons le soutien de nos actionnaires, il est difficile de lever d’importants montants sans une activité commerciale déjà solide. Donc, nous avons en effet porté ce projet auprès de la BEI en début d’année. J’étais au départ moi-même un peu sceptique, craignant de perdre un temps précieux alors que sur 1.500 candidatures, seule une trentaine de dossiers sont retenus chaque année. Germitec est par ailleurs une entreprise installée en région, sur un secteur un peu moins à la mode que l’IA. Mais finalement la BEI est aussi bien impliquée dans le domaine de la santé. Avoir un chiffre d’affaires – 6.5 millions l’an dernier pour Germitec et 10 millions attendus l’année prochaine – est un point positif, mais pas déterminant. Le plus important, pour la BEI, est finalement de soutenir un projet « made in France », créateur d’emplois et d’exports, avec une composante environnementale et innovation forte. Pour nous, il s’agit donc de la lutte contre les maladies nosocomiales, qui est un enjeu clé à l'hôpital. Les difficultés financières des hôpitaux risquent-elles de freiner l’adoption d’innovations, comme celle de Germitec ? Notre mission au quotidien est d'être un partenaire de santé des hôpitaux et des cliniques. Notre solution limite le risque nosocomial pour les patients, mais elle améliore aussi la qualité de travail des soignants. En dehors de cet outil, ils doivent en effet nettoyer eux-mêmes les sondes en les plongeant dans des produits détergents ou en les frottant pendant 10 minutes avec des lingettes. C’est une tâche pénible et du temps en moins à consacrer aux patients, alors que notre solution permet une désinfection du matériel en 90 secondes. Les risques nosocomiaux constituent une préoccupation grandissante au sein des hôpitaux. En effet, depuis les immenses progrès réalisés au XXe siècle, la situation stagne aujourd’hui, avec 750.000 infections rapportées chaque année et plus de 4 000 décès. Mais effectivement, les hôpitaux font face à un impératif d’économies important, qui peut freiner les investissements. À nous de les convaincre en mettant aussi en avant l’intérêt environnemental de notre solution, qui réduit aussi l’usage des produits chimiques et des lingettes jetables. Pour notre croissance, nous comptons beaucoup sur les États-Unis, qui ont une approche un peu différente. Alors que la France s’appuie sur des recommandations et de bonnes pratiques d'hygiène, la stérilisation a été érigée en loi outre-Atlantique avec l’obligation pour les hôpitaux d’assurer une traçabilité, au risque sinon, en cas d’accident, de faire face à la justice.
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