![]() Newsletter hebdomadaire n°581 Jeudi 7 mars 2024
![]() Fredrik Brag, CEO et fondateur de Median Technologies
![]() Spécialiste de l'intelligence artificielle, Median Technologies déploie son expertise de l'imagerie médicale dans le diagnostic des cancers, mais aussi auprès des laboratoires pharmaceutiques, avec l'ambition de mieux comprendre l'impact des médicaments. Son fondateur, Fredrik Brag, explique l'aspect "révolutionnaire" de sa technologie, qui pourrait faciliter la généralisation des campagnes de dépistages. Créée en 2002, Median Technologies compte parmi les pionniers de l'IA dans l'imagerie médicale. Quelle est son approche ? Notre ambition, depuis la fondation de Median, est d'extraire le plus d'information possible de l'image médicale, mais aussi de mieux la comprendre et l'analyser. Est-il possible d'y trouver un signal qui correspond à un certain type de maladie ? De la quantifier et de la caractériser ? Par exemple, face à un cancer, est-il possible de distinguer une tumeur maligne d'une bénigne ? Faisons une analogie avec l'information militaire : si l'imagerie satellitaire permet d'identifier des véhicules, il faut s'assurer ensuite qu'il s'agit bien de ceux de l'ennemi avant de lancer une frappe. Pour le cancer, c'est la même chose, l'imagerie peut facilement identifier la fibre de la tumeur, mais le chirurgien doit aussi s'assurer de sa dangerosité avant d'engager une procédure risquée. Grâce à des techniques d'intelligence artificielle, nous avons ainsi fait évoluer l'analyse de l'imagerie vers un outil diagnostic. L'une de nos premières applications vise à identifier le cancer du poumon avec un taux de performance très élevé, proche de celui de la biopsie, en épargnant toutefois le patient d'un acte invasif et coûteux. Avec un fort taux de sensibilité et de spécificité, elle permet d'éviter les faux positifs, ouvrant ainsi la voie à un dépistage à très grande échelle et à un stade précoce de la maladie. C'est une révolution, surtout lorsque l'on rappelle qu'une prise en charge précoce du cancer du poumon offre des taux de rémission très élevés, alors que la mortalité à 5 ans atteint 94 % au stade 4. Par ailleurs, nous travaillons également avec les plus grands laboratoires pharmaceutiques afin de mesurer l'efficacité des médicaments en identifiant les patients les plus susceptibles d'y répondre. Ce travail vise également à trouver d'autres marqueurs pour élargir ensuite la cible des patients répondeurs. Les autorités de santé ou les soignants sont-ils bien sensibilisés à l'intérêt de généraliser ces campagnes de dépistages ? Plusieurs pays, États-Unis en tête, ont déjà pris conscience de l'importance des dépistages généralisés, aussi bien pour des questions sanitaires qu'économiques d'ailleurs. Outre-Atlantique, un vaste programme a été lancé avec 15 millions de personnes éligibles sur des critères de risque comme le tabac et l'âge. Mais un problème se pose : en cas d'examen classique d'imagerie, environ 30 % des patients se verraient diagnostiquer un nodule pulmonaire potentiellement cancéreux. Il est bien sûr impossible de réaliser une biopsie sur autant de personnes, d'où cet énorme besoin d'une technologie précise et efficace pour distinguer les cas bénins des malins. La grande révolution qui a lieu aux États-Unis est aussi liée au remboursement attaché au dépistage, qui est de 650 dollars. C'est une motivation supplémentaire pour les prescripteurs et la sensibilisation des patients. Il y a donc toute une dynamique qui se met en place et qui va favoriser une prise de conscience généralisée de tous les payeurs dans le monde. D'ailleurs, le Japon aussi met en place un tel programme, la Chine l'étudie très sérieusement, tout comme l'Europe qui a publié des directives en ce sens. Emmanuel Macron aussi l'a évoqué dans le plan cancer 2022. Quel est l'avantage compétitif de Median Technologies dans ce marché en construction du dépistage généralisé ? Avec sa plateforme Eyonis, Median enregistre les meilleures performances au monde. D'ailleurs, nos principaux concurrents ne sont pas dans l'imagerie médicale, mais plutôt dans le domaine des biopsies liquides, comme Grail aux États-Unis. Pourtant, cette technique, potentiellement très efficace pour identifier les biomarqueurs d'un cancer à un stade avancé de la maladie, n'a pas d’intérêt à un stade précoce, où il n'existe pas encore de dépôt tumoral. Donc aujourd'hui, elle n'est pas utilisable dans le dépistage précoce, malgré l'engouement incroyable des investisseurs. De notre côté, notre expérience vient aussi de notre travail au côté de l'industrie pharmaceutique, avec plus de 90 essais pour le cancer du poumon. Nous avons donc, en plus de notre technologie d'intelligence artificielle, une compréhension unique de la maladie qui nous distingue aussi de concurrents. Désormais, avec une trentaine de personnes aux États-Unis, nous espérons obtenir l'autorisation de mise sur le marché de notre dispositif de diagnostic du cancer du poumon au premier trimestre 2025, puis son marquage CE au deuxième trimestre.
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