Newsletter bimensuelle n°741 Jeudi 14 septembre 2023
« Notre objectif est de couvrir 80 % de l’activité d’un praticien vasculaire »
Basé à Bordeaux, Nurea développe un outil d'analyse d'images médicales visant à prévenir les accidents cardiovasculaires. Cette solution, portée par une série d’études cliniques, vient d’obtenir son marquage CE. Le point avec Florian Bernard, président et co-fondateur de la start-up. Qu'est-ce qui a motivé la création de Nurea en 2018 ? Après deux thèses – l'une en mathématiques appliquées, l'autre en mécanique des fluides –, j’ai débuté ma carrière de chercheur à l’Inria en travaillant dans différents domaines autour de la simulation numérique. Mais c’est d’abord une expertise, l'automatisation du traitement de la donnée, qui a guidé le projet. En découvrant le quotidien des médecins auprès du Pr Éric Ducasse, chirurgien vasculaire au CHU de Bordeaux, avec mon associé Romain LEGUAY, nous avons compris la façon dont une telle solution pouvait répondre à certains de leurs défis au quotidien. L'imagerie médicale est un outil clé, mais la richesse des données qu’elle génère est sous-utilisée. C’est particulièrement vrai en médecine vasculaire, par rapport à d’autres spécialités comme l’imagerie musculo-squelettique ou l’oncologie, où les innovations sont plus nombreuses. Pour les praticiens vasculaires, cela veut donc dire davantage de temps à passer devant les images, sans outil d’analyse automatique pour les accompagner. Nous avons identifié ce point de friction et créé une application capable d’automatiser la lecture de scanner. Elle va ainsi signaler au médecin certains éléments anormaux pour s'assurer que la maladie soit identifiée et quantifiée. Cette automatisation apporte ainsi de la fiabilité, de la standardisation et sécurise finalement l'interprétation de l'image dans la prise de décision médicale. L'objectif n’est pas seulement d’intervenir en diagnostic, mais de couvrir l’ensemble du parcours de soins, en identifiant les risques, en anticipant l’évolution du patient et en l’accompagnant après le traitement pour éviter un accident vasculaire. Nurea vient de recevoir le marquage CE de classe 2b pour sa solution. Qu'avez-vous mis dans ce dossier pour obtenir le feu vert européen ? Ce dossier s’appuie sur différentes publications scientifiques qui montrent le bénéfice et la pertinence de la solution. Les premières études ont été réalisées au CHU de Bordeaux. Elles ont très vite démontré d’importants gains de temps sur l'extraction et l’analyse d'un certain nombre de données. Le temps de lecture d’une image pour le médecin est réduit de 95 %, de 20 à 30 minutes en moyenne à deux minutes avec notre solution. Nous avons ensuite poursuivi nos travaux au CHU de Besançon, avec une étude qui démontre les performances du logiciel sur l'extraction de données pour la planification chirurgicale et le suivi des patients. Ainsi, notre solution a déjà obtenu des validations de différentes équipes, ce qui ajoute de la crédibilité et de la robustesse à ses résultats. Comment abordez-vous la phase de commercialisation aujourd’hui ? Notre outil est déjà commercialisé depuis deux ans pour la recherche. En plus de ses bénéfices cliniques en routine, il permet en effet aux équipes de chercher de nouveaux biomarqueurs prédictifs d'accidents cardio-vasculaires. Notre approche commerciale s’appuie ensuite sur les centres d'excellence, autant en France qu’en Europe et en Amérique du Nord, afin de convaincre les leaders d’opinion dans le domaine du vasculaire. En outre, nous avons signé des partenariats avec des éditeurs, comme la medtech Intrasense, afin d’équiper sa plateforme Myrian de notre solution. Nous faisons aussi partie du programme Edison de GE Healthcare, qui agrège toute une série d’algorithmes de traitement de l’image. Intégrer nos solutions le plus en amont possible est un véritable avantage, qui permet aussi de ne pas ajouter un énième logiciel au workflow du médecin et parfois déconnecté de son environnement. Notre objectif est de couvrir à horizon un à deux ans autour de 80 % de l'activité d'un chirurgien ou d'un radiologue vasculaire et de dépasser le million d’euros de chiffre d’affaires. En parallèle nous travaillons également à l’obtention de l’agrément réglementaire aux États-Unis.
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